Pourquoi parle t’on de sainte Hildegarde de Bingen alors que le lieu de mémoire et de pèlerinage se trouve à Eibingen ?
Sainte Hildegarde est d’abord rentrée au monastère double de saint Disibod, puis lorsque la communauté de femmes est devenue trop importante, elle a déplacé sa communauté dans le monastère de saint Rupert qui se trouvait sur les rives de la Nahe dans la commune de Bingen.
Mais de nouveau, quelques années plus tard, ce couvent devint trop étroit. Sainte Hildegarde décide alors de fonder un nouveau monastère en plus de celui de saint Rupert. C’est un ancien monastère double situé non loin de là, à Eibingen qu’elle choisit.
Pour ces deux monastères et communautés qui obéissent à la règle de saint Benoît, sainte Hildegarde lutte pour leur indépendance et leur autonomie. En effet, elle ne veut pas que les sœurs soient soumises à des autorités laïques ou se retrouve sans prieur suite à une éventuelle brouille. Avec l’assistance de l’empereur, du pape et de l’archevêque de Mayence, elle organise donc un statut particulier pour ces couvents.
Le monastère de Bingen ne sera cependant pas épargné par la guerre de Trente Ans et sera détruit par les Suédois en 1632. Lorsque les sœurs qui avaient fui reviennent quelques années plus tard, elles trouvent uniquement des ruines impossibles à restaurer. Elles se réfugient donc dans le couvent d’Eibingen, abandonnant pour toujours l’édifice de Bingen.
La deuxième fondation de sainte Hildegarde résiste à de nombreux fléaux, mais les lois de sécularisation du début du XIXème siècle s’abattent sur le couvent et les sœurs en sont chassées. Cependant, grâce à plusieurs prêtres de la commune d’Eibingen, le culte et la mémoire de sainte Hildegarde se poursuivent.
Lorsque l’un de ces prêtres, également évêque, est suspendu de ses fonctions suite à des enjeux politiques, il trouve refuge chez le Prince Charles de Löwenstein-Wertheim-Rosenberg, à qui il soumet le projet de fonder un nouveau monastère à Eibingen.
Sensible à la cause, le prince Charles fait de grands efforts personnels et financiers pour permettre la réalisation du projet. C’est en 1900 que la première pierre du nouvel édifice est posé. Entre temps, l’église du bâtiment d’origine a été reprise par la paroisse, c’est là que sont aujourd’hui gardées les reliques de sainte Hildegarde.
En 1904 le nouveau monastère est achevé, et il est doté quelques années après de tous les privilèges qu’avait obtenu sainte Hildegarde pour ses premières fondations, ainsi, le couvent dépend directement du pape et non de l’évêque local. C’est une communauté bénédictine venue de Prague qui s’installe dans les nouveaux bâtiments.
Durant la seconde Guerre Mondiale, les sœurs sont de nouveau expulsées de l’abbaye, mais retrouvent rapidement les bâtiments une fois la guerre terminée.
La communauté se compose aujourd’hui de 48 sœurs, et l’une d’elles est détachée à l’église d’Eibingen pour guider les touristes, pèlerins et fidèles sur les traces de sainte Hildegarde.
La communauté subvient à ses besoins grâce à divers travaux d’artisanat et une activité d’accueil de pèlerins en hôtellerie. La commémoration annuelle de sainte Hildegarde, qui a lieu le 17 septembre est l’occasion pour le couvent et l’église de renouer des liens forts et de faire connaître à de nombreuses personnes l’œuvre de sainte Hildegarde de Bingen.
On trouve sur le site de l’abbaye des explications détaillées sur leur histoire, mais aussi diverses photos documentaires.