Sainte Hildegarde, une hagiographe inspirée

Parmi les nombreuses œuvres que nous a laissées sainte Hildegarde de Bingen, on trouve plusieurs biographies de saints.

 

Une inspiration divine

Les deux biographies majeures qu’elle réalise sont celles de saint Rupert et de saint Disibod, les saints dont les deux monastères où elle a vécu tirent leur nom.

Pour les écrire, sainte Hildegarde s’est probablement basée sur les récits populaires et traditionnels qui existaient sur ces saints. Mais la lettre du père abbé du monastère de saint Disibod nous révèle qu’elle a également été inspirée par Dieu. En effet, une fois qu’elle a quitté le monastère pour celui de saint Rupert, l’abbé lui demande d’accepter de rédiger une biographie en suivant ce que Dieu aura bien voulu lui révéler du saint.

Par leur style et leurs sources, ces biographies tiennent plus de l’hagiographie que d’un documentaire fiable, et s’apparentent par là à la Légende dorée de Jacques de Voragine au XIIIème siècle.

On trouve le texte intégral des vies de saint Rupert et de saint Disibod dans la patrologie latine. Il est vraisemblable que ces biographies aient été dans un premier temps envoyées dans des lettres. Une édition papier de ces textes pour le public a été faite à Mayence en 1602.

En plus du récit de leur vie, sainte Hildegarde écrit des hymnes à leur intention. Elle écrit des hymnes sur un grand nombre de personnages bibliques et de saints, comme saint Maximin qui l’a fortement marquée lorsqu’elle a découvert l’abbatiale de Trèves qui lui est dédiée.

 

Vie de saint Disibod

Sainte Hildegarde relate la vie de saint Disibod dans quatre chapitres, dont deux sont réservés à la postérité de son œuvre et de ses fondations. Elle commence son récit en rappelant que ce travail est une réponse à l’abbé Helinger du Disibodenberg qui souhaitait obtenir plus d’information sur la vie du saint patron du monastère. Si Raban Maur avait déjà mentionné saint Disibod au IXème siècle, sainte Hildegarde est la principale contributrice à la biographie du saint telle qu’on la connaît aujourd’hui.

Saint Disibod est un moine irlandais du VIIème siècle, expulsé de son pays, élu évêque, mais qui aurait démissionné pour vivre en ermite sur les bords du Rhin. Il évangélise les Vosges et les Ardennes, puis fonde un monastère double avec l’aide de trois compagnons venus avec lui. C’est dans ce monastère que sainte Hildegarde prononcera ses vœux et vivra jusqu’à son départ pour le Rupertsberg.

Aujourd’hui, on fête saint Disibod le 8 juillet.

 

Vie de saint Rupert (ou Robert en français)

La vie de saint Rupert se déroule en deux chapitres, l’un surtout consacrée à son enfance, à ses dispositions naturelles et à son éducation. La deuxième partie se concentre sur un pèlerinage à Rome qu’il fit à quinze ans, et la fin de vie du saint. Sainte Hildegarde insiste beaucoup sur la relation de saint Rupert avec sa mère Berthe qui l’a poussé à toujours plus chercher Dieu, elle écrit de nombreux dialogues qu’ils auraient eu entre eux.

D’autres sources déclarent que saint Rupert était un ermite allemand vivant à côté de Bingen avec sa mère Berthe au IX siècle, et affirment qu’il a construit plusieurs hôpitaux pour les malades, et qu’il meurt encore jeune après un pèlerinage à Rome. Certains ont confondu ce Rupert duc de Bingen à saint Rupert de Salzbourg, évêque de Worms au VIIème siècle et plus tard inhumé au couvent du Rupertsberg.

Aujourd’hui, saint Rupert fait l’objet d’une fête ou commémoration locale le 15 mai.

 

Séquences musicales

Si les hymnes composés sur les saints se contentent généralement de louer les qualités et la sainteté de ces personnalités, certaines informations à caractère autobiographique apparaissent parfois.

Ainsi, dans l’hymne dédié à saint Disibod dans LA SYMPHONIE DES HARMONIES CELESTES, on peut trouver les lignes suivantes :

« Ô évêque de la cité véritable [..]

Toi l’étranger tu as voulu t’exiler pour l’amour du Christ […]

Tu t’es retiré dans le secret, vénérable confesseur »

On retrouve donc le fait que saint Disibod était un évêque, exilé, ermite, et également qu’il était confesseur, un trait important puisqu’il est souligné dans le sous-titre de sa biographie par sainte Hildegarde.

 

 

Bibliographie

http://livres-mystiques.com/partieTEXTES/Hildegarde/Vie/notice.html

https://books.google.fr/books?id=uPQQAAAAYAAJ&printsec=frontcover&hl=fr&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q&f=false

Régine Pernoud

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